mardi 28 septembre 2010

La technologie est à notre service, pas l’inverse

Je disais la dernière fois que nous étions de plus en plus esclaves de la technologie, et particulièrement des télécommunications. D’accord, c’est peut-être un peu malhonnête de parler d’esclavage quand, pour la majorité d’entre nous, le téléphone portable et la messagerie électronique sont pratiquement devenus essentiels dans notre quotidien. Et même, pour beaucoup de gens, la possibilité d’être en contact permanent avec le monde entier par le biais des télécommunications est perçue comme une source de liberté et non d’esclavage. Mais à mon avis, le problème n’est pas non plus leur utilisation: c’est l’attitude que nous développons à leur égard et les comportements qui en découlent.

Évidemment, même en dehors des heures de travail, ça peut être très pratique d'avoir un portable, notamment pour consulter notre conjoint lorsque nous sommes dans le doute au supermarché, pour contacter les secours en cas d'urgence sur la route ou pour retrouver des amis dans une foule. Mais en quoi cet appareil nous facilite-t-il les choses lorsque nous hésitons à l'éteindre même lors d'une soirée entre amoureux, au cinéma ou pendant la nuit, par crainte de manquer un seul appel? Ou quand nous en venons à risquer notre propre vie et celle des autres en appelant quelqu'un ou en lisant nos messages au volant? Et sommes nous vraiment plus avancés lorsque ce contact permanent avec le monde entier signifie que notre employeur ou nos clients peuvent empiéter sur notre vie privée et nous demander de faire un truc "urgent" 24 heures sur 24, sept jours sur sept, y compris durant les vacances? Je ne le crois pas.

Revenons à la liste d’habitudes pernicieuses énumérées dans le dernier billet et que nous risquons d'acquérir avec le temps par rapport aux télécommunications en général. S’il y en a une dont vous voulez vous défaire, voici comment procéder:

1. Évaluez comment cette habitude interrompt le cours de votre vie. Comme on le sait, les distractions détournent notre attention de ce que nous faisons dans le moment présent et nous rendent ainsi moins efficaces. Qu’est-ce que vous vous arrêtez de faire pour répondre au téléphone?

2. Notez l’émotion que vous ressentez à ce moment-là: Anxieux? Obligé? Frustré? Dépassé? N’oubliez pas que vous avez toujours le choix. En faisant le choix d’accueillir la technologie dans nos vies, nous pouvons aussi décider quelle place nous voulons qu’elle y prenne, de façon à ressentir des émotions plus positives.

3. Commencez à modifier vos réactions et vos choix par rapport à la technologie. Laissez sonner le téléphone et ne vous levez plus de table pour courir y répondre dans l’autre pièce: laissez le répondeur ou la boîte vocale faire son travail. Changez votre numéro de portable et choisissez bien les personnes à qui vous le donnez. Et mieux encore: éteignez-le aussi souvent que possible. Ne prenez pas vos courriers électroniques plus de deux fois par jour et n’y répondez qu’à ce moment-là. Débarrassez-vous du service d’appel en attente.

Bref, prenez le contrôle de vos télécommunications. Après tout, rien ne nous oblige à être disponible pour tout le monde en tout temps. Évidemment, pour certains, choisir d’ignorer les appels et les messages entrants durant certains moments de la journée peut sembler plus facile à dire qu’à faire, mais comme pour tout changement d’habitude, il s’agit d’y aller petit à petit, une étape à la fois. Car la technologie a sa place dans nos vies, mais elle ne doit pas perturber l’équilibre, la paix et la liberté que nous souhaitons tous y trouver également. Qu’est-ce que vous en dites?

jeudi 23 septembre 2010

Sommes-nous esclaves de la technologie?

À la fin de mai dernier, je vous présentais un texte en deux parties de M. Corey Allan qui parlait entre autres de la façon dont les nouvelles technologies contribuaient à nous donner l’impression que le rythme de vie s’est accéléré. Je reviens un peu sur le sujet aujourd’hui.

Au fil des siècles, l’humain a inventé toutes sortes d’outils et de techniques pour rendre sa vie plus facile et pour réaliser des choses qui, autrement, auraient été impossibles, ce qui a souvent eu des répercussions sur la société dans son ensemble. Pensons notamment aux grands changements sociaux et économiques introduits par l’arrivée de l’imprimerie, de l’ampoule électrique et du moteur à explosion. Aux cours des deux dernières décennies, on pourrait dire que ce sont les apports dans le domaine des télécommunications et des médias électroniques qui ont principalement influencé nos façons de vivre et de travailler. Mais dans notre souci de favoriser de meilleures communications, plus rapides et plus efficaces, sommes nous allés trop loin?

Les moins jeunes d’entre nous se souviendront peut-être de l’époque pas si lointaine d’avant les répondeurs téléphoniques et de tous les outils de télécommunication qui ont suivi. Il n’y a pas tellement longtemps, la plupart des familles dans les pays industrialisés n’avaient qu’un seul téléphone, fixe, à la maison. Quand les gens nous appelaient et que nous n’étions pas là, ils essayaient de nous rappeler plus tard, tout simplement; et si nous étions déjà en communication avec quelqu’un d’autre, ils nous rejoignaient une fois la ligne libérée. Dans ces temps-là, c’était aux autres que revenait la responsabilité de nous faire parvenir des nouvelles ou des messages qui étaient importants pour eux. Mais avec l’arrivée des répondeurs téléphoniques et des boîtes vocales, quand nous n’étions pas là, les gens nous laissaient un message en prenant pour acquis que celui-ci était tout aussi important pour nous que pour eux, et que nous allions donc les rappeler dans les plus brefs délais. C’est encore le cas de nos jours, mais qu’arrive-t-il lorsque nous ne retournons pas nos appels rapidement? Les gens se fâchent contre nous puisque ce n’est plus leur responsabilité de nous transmettre leurs messages, mais bien la nôtre de les récupérer, et ce dès que possible. Et avec le démocratisation du portable et du courrier électronique, ils s’attendent désormais à une réponse immédiate ou presque, comme si nous étions connectés 24 jours par jour, à attendre leur message exprès.


Ces technologies qui devaient nous faciliter la vie, on dirait nous sommes en train d’en perdre le contrôle et même d’en devenir des esclaves. Car non seulement elles changent notre monde à un rythme jamais vu, mais en plus, nous avons du mal à suivre.

Si vous vous demandez où vous en êtes dans votre relation avec la technologie, répondez à ces quelques questions:
  • Prenez-vous vos courriers électroniques avant de faire toute autre chose le matin?
  • Vérifiez-vous votre boîte de réception à maintes reprises tout au long de la journée?
  • Vérifiez-vous votre répondeur téléphonique ou votre boîte vocale (à la maison et au travail) plusieurs fois par jour?
  • Lorsque le téléphone sonne, accourez-vous pour répondre? Vous sentez-vous coupable si vous ne le faites pas?
  • Lorsque vous êtes à la maison, en plein milieu d’une conversation ou d’une autre activité et que le téléphone sonne, vous arrêtez-vous pour écouter le message au lieu de laisser le répondeur ou la boîte vocale faire son travail?
  • Vous sentez-vous obligé de retourner vos appels et de répondre à vos messages électroniques dès que vous les recevez?
  • Répondez-vous aux messages et appels sur votre portable pendant que vous prenez un repas avec quelqu’un ou que vous êtes au volant de votre voiture?
  • Utilisez vous le service d’appels en entente pour interrompre une conversation et vérifier qui essaie de vous joindre?
  • Vous sentez-vous complètement débordé par le nombre d’appels et de messages électroniques auxquels vous croyez devoir répondre?
La plupart des gens auront répondu "oui" à au moins une ou deux de ces questions, ce qui indique quand même un minimum d’esclavage par rapport à la technologie. Je parlerai la prochaine fois de quelques trucs pour se sortir de ce piège très fréquent, mais d’ici là, si vous en avez envie, songez au comportement qui semble mobiliser le plus votre temps et votre énergie et à comment votre vie serait si vous arrêtiez de le faire. À bientôt.

mardi 21 septembre 2010

La simplicité, un choix bien personnel

J’imagine que vous avez remarqué au fil des semaines que je n’offre pas beaucoup de conseils pratico-pratiques pour simplifier sa vie sur ce blogue. Peut-être même est-ce que vous le lisez dans l’espoir, un jour, d’y trouver des trucs plus concrets. Eh bien, je vous avise tout de suite que ça n’arrivera probablement pas, à part des petites suggestions ici et là pour illustrer un propos plus général. D’abord, parce que d’autres l’ont déjà fait avant moi et qu’il est donc relativement facile de trouver ce genre de renseignements ailleurs. Mais surtout, je crois qu’il y a autant de façons de vivre simplement et de raisons pour le faire qu’il y a d’individus à qui ça intéresse, et je ne vois pas l’intérêt de parler de simplicité en termes d’actions concrètes qui ne peuvent s’appliquer qu’à quelques personnes à la fois. Je conçois donc ce blogue comme une source de questionnement, de motivation et d’inspiration plutôt qu’une marche à suivre ou une procédure pour atteindre un but.

Vous aurez peut-être remarqué aussi que j’évite de présenter ici des arguments environnementaux ou sociaux pour simplifier sa vie. Encore une fois, d’autres l’ont fait avant moi. De plus, je crois si l’on veut rendre l’idée attrayante et réaliste pour le plus grand nombre de gens possible, il vaut mieux mettre l’accent sur les avantages concrets qu’eux-mêmes vont en tirer plutôt que sur des beaux idéaux de justice et de solidarité ou des scénarios catastrophes. À mon avis, ces idéaux finiront bien par être atteints au fur et à mesure que les gens prendront conscience de leurs besoins réels et qu’ils agiront en ce sens, d’abord individuellement, et ensuite collectivement. Car ne faut-il pas d’abord être conscient et soucieux de ses propres besoins pour avoir envie de s’approprier et défendre l’idée que c’est important de vivre dans un environnement sain et un monde équitable?

J’ai parlé à quelques reprises d’identifier ce qui est essentiel pour nous et de trouver notre "mission de vie" comme point de départ pour tendre vers la simplicité. Peut-être bien que cette idée de mission ou de chemin de vie ne parle pas nécessairement à tout le monde, mais la plupart d’entre nous ont quand même dans leur vie des activités, des projets ou des personnes qui les motivent chaque matin à se lever et à commencer une nouvelle journée. Du moins, je l’espère. Autrement, si la seule idée qui nous vient à l’esprit une fois nos obligations accomplies, c’est de trouver comment passer le temps et nous désennuyer, aussi bien rester planté devant la télé avec notre télécommande à nous gaver de maïs soufflé bien graisseux et salé en attendant que la vie se termine enfin, non? Mais bon, pour ceux qui ont besoin d’un petit coup de pouce à ce niveau, j’ai déjà proposé ici quelques pistes pour identifier ses valeurs et ses passions.

Et parlant d’appareils électroniques, je reviendrai la prochaine fois sur le rôle des télécommunications – notamment du portable et de la communication virtuelle – dans nos vies.
À bientôt.


Simplicity d'Yvonne Hertach, une artiste de Vancouver

jeudi 16 septembre 2010

Et pourquoi pas des publicités qui décourageraient l’achat?

Encore une fois aujourd’hui, je tire mon inspiration de Leo Babauta. Voici son point de vue sur certains trucs que j’ai abordés ici récemment.

Beaucoup de nos problèmes de société ont pour origine la création artificielle de besoins et de désirs, notamment l’obésité, l’endettement, les crises financières, la surabondance matérielle, la surconsommation, les changements climatiques, etc. En effet, ces problèmes existent parce que nous ne sommes jamais satisfaits, que nous en voulons toujours plus et que nous maîtrisons mal nos désirs. En plus, ces désirs sont créés artificiellement non seulement par la publicité et les médias, mais aussi par des produits chimiques (par exemple, aux États-Unis du moins, il paraît qu’on rajoute exprès une petite poudre magique aux frites pour créer une sorte de dépendance).

Au fil des années, les publicitaires ont étudié à fond le désir humain et ses mécanismes, puis ont perfectionné l’art de nous faire désirer des choses. Ainsi donc, les enfants qui regardent des dessins animés à la télé mangeront plus de friandises s’il y a des publicités de nourriture au cours de l’émission, et ce, peu importe le type de nourriture annoncée, que s’il s’agit d’autres types de publicités. Et les gens qui voient le iPad ne pourront s’empêcher d’en acheter un parce qu’ils sont tellement cool! Qu’il s’agisse d’autos, de maisons, de vêtements, de gadgets, de nourriture, de voyages, peu importe, la publicité nous a entraînés à les désirer.

Alors, comment peut-on, comme individus mais aussi comme société, combattre ces désirs? Ce n’est bien sûr pas évident. Essayez d’entrer dans un magasin d’électronique ou de traverser la foire alimentaire d’un centre commercial, avec ses odeurs de pizzas ou de croissants fraîchement sortis du four, ou encore de regarder la télévision sans éprouver aucun désir. Bien sûr, certaines personnes peuvent se contrôler ou ont appris à associer ces choses à des idées négatives (par exemple, graisseux, engraissant, plastique, superficiel, etc.), mais la plupart d’entre nous ne sommes pas aussi disciplinés.

Voici la solution que propose Babauta: de la même façon que ces désirs sont créés artificiellement pour nous faire acheter, nous devrions faire les efforts nécessaires, comme individus et comme société, pour nous créer un sentiment de satisfaction. Et comment y parvenir? D’abord, en éliminant autant que possible de notre vie les sources les plus importantes de publicité, soit la télé, les magazines et les centres commerciaux, et en favorisant les sources d’information sans ou avec peu d’annonces, tels que la radio publique, les blogues sans pub, etc. Mais aussi en trouvant autre chose pour nous divertir que de fréquenter les boutiques, tant physiques que virtuelles. Et si nous voulons allez plus loin, nous pouvons enseigner à notre entourage comment ils peuvent, eux aussi, se sentir satisfaits.


Évidemment, pour créer ce sentiment de satisfaction, notre message devrait être aussi fort et cohérent qu’une publicité et dire qu'on n'a pas besoin d'acheter tel ou tel truc pour être heureux, ou quelque chose dans cette veine-là. En fait, il faudrait trouver une façon de rejoindre les gens qui sont sur le point de succomber à leurs désirs, que ce soit par le biais de la télévision ou d’Internet ou encore au centre commercial. Par exemple, il serait possible de concevoir une campagne pour les éduquer à propos des dangers de la création artificielle des besoins et leur enseigner à se sentir satisfaits de ce qu’ils ont déjà. Imaginez si on installait de gros panneaux publicitaires sur l’autoroute ou sur des édifices du centre-ville avec le simple message: "Ce que vous avez déjà vous suffit." Ou encore si on achetait de la publicité chez Amazon qui s’afficherait juste au moment où les gens s’apprêteraient à acheter quelque chose: "Vous n’avez pas besoin de ça, mon ami." Évidemment, Amazon n’accepterait jamais une telle publicité sur son site, mais vous voyez l’idée.

En voici d’autres. Imaginez si on imprimait sur toutes les cartes de crédit: "Vous ne voulez pas vous endetter." Ou s'il y avait un système sur le iPhone qui détecterait que vous êtes sur le point d’acheter quelque chose en ligne et qui vous enverrait le message: "Soyez satisfait de ce que vous avez déjà. Ne succombez pas à votre désir."

Et tant qu'à y être, pourquoi pas un service à l’auto chez McDonald’s qui afficherait sur le gros menu: "Ne soyez pas glouton. Mangez moins et laissez tomber les frites." Ou une pub qui dirait aux enfants qu’ils n’ont pas besoin des derniers jouets de Disney ou de la dernière console de jeux vidéo, et qu’ils pourraient aussi bien aller s’amuser dehors et mordre la vie à pleine dents.

Le sentiment de satisfaction nous vient naturellement lorsque nous ne nous laissons pas envahir par des messages créés de toutes pièces pour nous faire désirer et acheter. Mais revenir à cet état naturel n’est malheureusement pas si simple. Vous, de votre côté, que faites-vous pour cultiver ce sentiment dans votre vie?

mardi 14 septembre 2010

L’abondance dans la simplicité

Je vais parler un peu plus aujourd’hui de l’idée qui sous-tend ce blogue, soit l’abondance et l’épanouissement que l’on peut connaître à travers une vie plus simple.

Alors que la publicité et les modes passagères nourrissent constamment l’idée du manque et tentent de nous faire croire qu’il nous faut, nous aussi, posséder telle chose ou acheter telle expérience pour être heureux, nous oublions souvent d’apprécier tout ce que nous avons et vivons déjà dans notre quotidien: par exemple, la santé, un toit au-dessus de notre tête, une famille et des amis que nous aimons et qui nous aiment, une ou plusieurs passions, etc. En effet, les médias nous rappellent encore et encore que nous pouvons avoir davantage que ce nous avons, mais pensons-y un peu: comment est-ce possible d’attirer l’abondance dans notre vie si nous manquons toujours de quelque chose? Ça peut devenir une roue qui tourne sans fin si nous lui en donnons la chance.

Selon Stephen R. Covey, l’auteur du best-seller Les sept habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu’ils entreprennent, la sensation d’abondance prend sa source dans le sentiment de sécurité intérieure et non pas dans les possessions, les rangs sociaux, les comparaisons, les opinions ou les associations. C’est-à-dire que lorsque nous nous respectons et nous faisons confiance, tant à nous-mêmes qu’à notre instinct, pour répondre adéquatement à tous nos besoins, nous maintenons un équilibre émotionnel et attirons vers nous des personnes et des expériences positives. Et par conséquent, nous n’avons pas besoin de toutes ces autres choses pour nous sentir important et satisfait de notre vie.

Également, parmi les sept habitudes de vie que prône Covey, il y en a deux qui touchent directement les points que j’ai mentionnés la dernière fois à propos de la philosophie de Thoreau, soit de vivre selon ses propres règles et de vivre délibérément. Les voici:
  1. Sachez où vous voulez aller, c’est-à-dire donnez-vous une "mission de vie" et vivez ensuite chaque instant de manière cohérente avec celle-ci.
  2. Soyez proactif, c’est-à-dire en tant qu’individu créateur et responsable de votre vie, prenez les initiatives nécessaires pour faire ce que vous aimez et vous réaliser au lieu d’attendre en spectateur que la chance et le bonheur vous tombent dessus.
Il n’est pas rare que les gens commencent la nouvelle année ou une nouvelle étape de leur vie en se donnant des objectifs plus ou moins réalistes et plus ou moins précis à atteindre, qui se font négliger petit à petit pour finalement tomber dans l’oubli. Ou sinon, leurs objectifs prennent la forme d’une liste de choses à faire, par exemple: obtenir un diplôme, perdre du poids, économiser davantage, désencombrer la maison, etc. Mais une question demeure souvent négligée dans l’élaboration de tels objectifs: Pourquoi? Pourquoi faire de l’exercice et faire attention à ce que l’on mange? Pourquoi sacrifier tous ses temps libres pour étudier et apprendre de nouvelles compétences et connaissances? Pourquoi laisser tomber certaines dépenses qui font plaisir? Bref, quel est le fil conducteur, le moteur ou la "mission" qui sous-tend les objectifs que nous définissions pour nous-mêmes? C’est une question fondamentale, mais pas toujours facile à répondre. Dans bien des cas, c’est par tâtonnements, par essais et erreurs, que nous finissons par découvrir ce qui a du sens pour nous de manière à pouvoir définir nos choix et objectifs de manière positive et cohérente. Mais la beauté de la chose, c’est que souvent, à partir du moment où nous avons défini l’essentiel et que nous nous concentrons sur celui-ci, le superflu, tant au niveau des choses et des activités que des relations, s’élimine pratiquement de lui-même.

Et vous, avez-vous découvert votre "mission" de vie et ce qui est essentiel pour vous? Et si oui, comment faites-vous pour maintenir ces choses à votre esprit dans le brouhaha du quotidien?

vendredi 10 septembre 2010

En disant non aux choses, on dit oui à la vie

Je parlais donc la dernière fois de faire son propre chemin, de suivre sa propre destinée. C’est en gros ce que proposait, il y a un peu plus de 150 ans, Henry David Thoreau dans son essai bien connu, Walden, ou la vie dans les bois. En fait, de sa philosophie ressortent trois principes de vie qui, à mon avis, demeurent bien d’actualité:
  • Vivre délibérément, c’est-à-dire vivre chaque instant pleinement, de manière consciente, volontaire et cohérente avec la "mission" que l’on s’est donnée
  • Vivre sa vie propre, c’est-à-dire être l’acteur de sa vie plutôt qu’en être le spectateur, avoir le courage de créer son propre jeu et d’en inventer les règles
  • Vivre insoumis (ou sans résignation), c’est-à-dire reconnaître sa liberté de rester à l’écart du mouvement des masses et de résister à la pression sociale
Je crois que pour beaucoup d’entre nous, ce dernier principe (résister à la pression sociale) est le plus difficile à mettre en pratique, et il l’est encore davantage durant notre jeunesse, période cruciale où nous tentons de nous définir et de prendre notre place dans le monde. Pour cette raison, comme je l’ai dit, les jeunes constituent d’excellentes cibles et les entreprises consacrent une partie phénoménale de leur budget à tenter de les séduire, et ce, de plus en plus tôt. Si la pub télé était autrefois leur arme de prédilection par excellence, de nos jours, les spécialistes du marketing n’hésitent pas à insérer leurs messages envoûtants à même les émissions par le biais de placements de produits, ainsi que dans les films, les jeux vidéo et même les livres, ce qui fait que l’on ne peut même plus les zapper, comme autrefois! Sans compter que les personnages de films et d’émissions pour enfants, mais aussi les chanteurs et groupes populaires, se déclinent rapidement en jouets, vêtements et autres produits dérivés qui ne manqueront pas de retenir l’attention de notre progéniture. Et on fait quoi comme parent? Surtout si "tous les autres parents l’ont acheté, eux"?

Une lectrice commentait il y a quelques jours qu’en tant que prof, lors d’un débat avec ses élèves, elle s’était fait dire qu’il "fallait suivre la mode parce que tout le monde le fait, sinon on est rejeté". Faut-il donc comme parent aussi, suivre la mode de tout acheter ce qui captive nos enfants pour ne pas se faire dire: "T’es pas fin-e, je te déteste et je ne te parlerai plus jamais!"? Bien sûr que non! Et c’est justement en apprenant à dire non à nos enfants et en arrêtant d’essayer de gagner des concours de popularité avec eux qu’ils apprendront eux aussi à tenir tête aux jeunes qui se moquent d’eux parce qu’ils n’ont pas le dernier bidule populaire sorti sur le marché. Après tout, ils ne seront pas non plus les seuls de leur école à se l’être fait refusé. Mais n’étant pas parent moi-même, je ne peux me prétendre experte dans l’art de dire non aux enfants ou de leur inculquer la valeur de l’argent. Par contre, j’ai déniché deux sites intéressants qui en parlent, ici et ici.

Bon, avec cette question de la pression sociale, j’ai l’impression de laisser des choses en suspens en ce qui concerne la philosophie de Thoreau et l’idée de faire son propre chemin. J’y reviendrai.

Pour terminer, voici un très bon conseil de l’organisme américain Center For a New American Dream. Lorsque vous dites non à votre enfant qui vous demande de lui acheter un truc qu’il désire ardemment, dites oui à quelque chose qu’il souhaite plus que toute autre chose: donnez-lui de votre temps. Jouez à des jeux, cuisinez ou lisez ensemble, sans télé ni téléphone portable ni gadgets électroniques, au lieu d’aller au centre commercial. Puis profitez-en, si possible, pour vous amuser ensemble dans la nature. Ces activités de plein air lui permettront de dépenser son énergie débordante, ce qui aura ensuite un effet calmant sur lui, et donc sur vous. Qu'est-ce que vous en dites?

lundi 6 septembre 2010

Nous ne sommes pas des moutons

J’avais dit en juin que je traiterais à un moment donné de la question de l’influence des médias de masse et de la publicité sur nous, alors nous y voilà. Lorsque nous n’y faisons pas trop attention, il se peut que nous nous tournions naturellement vers ce que nous voyons à la télé, au cinéma, dans les magazines et de plus en plus sur Internet pour déterminer ce qui est important dans la vie et ce que nous voulons. Et surtout, si nous sommes entourés de gens qui sont constamment à l’affût des nouvelles tendances ou de la dernière mode, il est presque naturel pour nous de tomber également dans cette frénésie consommatrice sans même réfléchir aux gestes que nous posons. En effet, combien d’entre nous se sont laissés tenter par les différentes modes des dernières années? Côté vestimentaire, je pense par exemple aux bretelles spaghetti qui "mettent en valeur" le soutien-gorge, et aussi aux tongs, que moi, j’ai toujours préféré porter à la plage. Pour le transport, il y a eu les trottinettes et, côté électronique, on sait que les BlackBerry, iPhone, iPod et consoles Wii faisaient déjà fureur avant même de sortir sur le marché.

Comprenez-moi bien, je ne cherche à vilipender aucun de ces objets populaires. Après tout, la trottinette n’est-elle pas un moyen de transport écolo? Seulement, je me demande quel pourcentage de toutes ces ventes ont été dictées par les médias et la pression sociale plutôt que par les goûts et besoins personnels des acheteurs. Combien d’entre nous se seraient procurés ces choses si, pour toute publicité, elles n’avaient eu droit, disons, qu’à une demi-page dans un encart de notre quotidien préféré, sur laquelle nous serions tombés par hasard?

Vous connaissez probablement ce slogan issu des années 70, "Tout le monde le fait, fais-le donc". Comme on peut le voir avec les objets à la mode que j’ai mentionnés ci-haut, c’est une expression encore tout à fait d’actualité. Pourquoi? Parce que la plupart des humains sont des êtres sociaux qui aiment se regrouper et qui copient les comportements de leurs semblables pour, comme on dit au Québec, "faire partie de la gang". Il ne faut donc pas s’étonner de la très grande popularité des réseaux sociaux, notamment de Facebook. J’avoue que moi, j’ai toujours été plutôt marginale de ce côté. En effet, je crois que ce qui m’aide à échapper à l’influence du marketing et des effets de mode, c’est que je n’ai jamais eu un très grand besoin d’appartenance, même lorsque j’étais plus jeune. Depuis toujours, si quelque chose que fait la majorité des gens ou même mon entourage ne me plaît pas, en général, je fais autre chose et je ne m’en porte pas plus mal. Pour ma part, j’aime ce que j’aime, même si ce n’est pas toujours populaire et même si ça peut paraître un peu étrange ou ringard. Et puis qui m’aime (et aime ce que je fais) me suive, voilà tout.

Évidemment, l’une des plus importantes cibles dans la création de nouvelles modes, ce sont nos enfants, qui, n’ayant pas encore complètement formé leur personnalité, sont pour la plupart assez influençables. Et donc les parents qui souhaitent voir grandir des enfants autonomes, qui pensent par eux-mêmes et qui ne se laissent pas emporter par les dernières tendances en consommation ont tout un défi à relever. D’abord, ils doivent bien sûr donner eux-mêmes l’exemple quant à leurs propres comportements d’achat et bien réfléchir à la façon dont ils dépensent et économisent leur argent. Ensuite, il faut se rappeler que les modes ne sont justement que ça, des modes: elles ne durent que quelques mois et sont remplacées aussitôt par de nouvelles, qui requièrent de nouveaux achats.

Et puis comme je l’ai mentionné précédemment, nous ne sommes pas ce que nous achetons. Alors aidons nos enfants à développer le plus tôt possible des goûts et des valeurs stables et à se définir à travers ce qu’ils sont et ce qui les passionne dans la vie, et non à travers ce qu’ils possèdent. Aidons-les à faire leur propre chemin, à suivre leur propre destinée et non à devenir, eux aussi, des moutons consommateurs. Je poursuivrai là-dessus la prochaine fois.

jeudi 2 septembre 2010

Ne m'appelez plus consommatrice!

Nous jouons tous différents rôles dans la vie, avec leurs dynamiques particulières, en fonction des liens que nous tissons avec les autres. Par exemple, nous pouvons être à la fois parents, enfants, frères et sœurs, conjoints, collègues, patrons, subalternes, partenaires d’affaires, compagnons d’activité, amis, etc. Puis à notre cercle relationnel plus restreint peuvent s’ajouter également certains rôles secondaires, dont ceux de voisin, paroissien, locataire, etc.

Idéalement, nous choisissons les rôles que nous jouons plutôt que de nous les faire imposer, même si malheureusement, cela implique parfois de couper les ponts lorsqu’il n’y a aucune entente possible. Mais dans les faits, certains rôles semblent nous être attribués d’emblée, sans même que nous ayons eu notre mot à dire. Pensons par exemple à notre rôle de citoyen, qui nous est assigné automatiquement à l’âge adulte et qui vient avec un devoir dont on nous rappelle l’importance surtout en temps d’élections. Mais le rôle qu’on m’attribue d’emblée et qui me contrarie le plus, vous l’aurez deviné, c’est celui de consommatrice.

Ce rôle fait tellement partie de la mentalité occidentale aujourd’hui que même ceux d’entre nous qui font des efforts pour acheter le moins de choses possible sont portés à se considérer comme des consommateurs. Difficile de faire autrement puisque c’est ainsi qu’on nous désigne très souvent, les êtres humains, dans les médias. Par exemple, on nous dit que telle entreprise a fait telle chose pour satisfaire les consommateurs, que les consommateurs doivent voter avec leur portefeuille ou encore que la "confiance" des consommateurs s’est accrue ou a diminué, selon la situation économique du pays. Et comme pour notre rôle de citoyen, avec celui de consommateur vient également un "devoir": celui d’acheter, que ce soit pour faire rouler l’économie, notamment lors des fêtes de fin d’année, ou encore pour aider à la relance en cas de crise.

Bien sûr, nous pouvons nous considérer comme des consommateurs avertis, responsables ou éthiques et acheter en conséquence, mais lorsque nous décidons de nous percevoir d’abord comme des êtres humains, un nouveau rôle s’offre à nous: celui de non-consommateur. Et voici, par exemple, à quoi pourrait ressembler la description du "poste" ou plutôt le credo du non-consommateur:
  • J’achète ce dont j’ai les moyens.
  • J’ai les moyens d’acheter si je peux payer comptant.
  • Je favorise d’abord les divertissements gratuits.
  • Je favorise ensuite les divertissements économiques.
  • Si ça coûte cher, il y a de fortes chances que je n’en aie pas besoin.
  • Je répare ce que je peux.
  • Je confectionne ou je fais pousser ce que je peux.
  • Je m’accommode de ce que j’ai tant que c’est encore bon au lieu d’acheter du nouveau.
  • Je favorise les emprunts puis les dons et achats de biens usagés si ça convient à mes besoins.
  • Je conçois un plan pour pouvoir économiser davantage et j’exécute ce plan.
  • Je sais que plus j’achète, moins j’ai d’argent.
  • Je ne suis pas ce que j’achète.
Est-ce que j’ai oublié quelque chose?

Naturellement, ce rôle pose un défi majeur. Comment pouvons-nous bien le jouer, si nous le choisissons, lorsque nous et nos enfants sommes entourés de consommateurs invétérés qui prennent leur rôle au sérieux? J’y reviendrai bientôt. D’ici là, je vous propose de non-consommer le nouveau bidule que je viens d’ajouter à ce blogue, juste en haut à droite de ce billet: et j’ai nommé la citation du mois.