jeudi 13 mai 2010

Les affres de l’endettement

Les journaux nous informaient hier que les Canadiens "abusaient du crédit". En effet, selon un rapport de 134 pages produit par l’Association canadienne des CGA, les citoyens de ce pays auraient "une dette qui équivaut à 144% de leurs revenus". En plus, "cette dette a même atteint un nouveau sommet de
41 740$ par personne au pays en décembre 2009, un montant supérieur de 2,5 fois à celui d'il y a 10 ans". Disons que ces chiffres ne m’étonnent pas vraiment. Depuis environ un demi-siècle déjà, nous vivons dans une société qui valorise la satisfaction immédiate des désirs et des besoins, et c’est ce que l’argent, le crédit et la consommation nous permettent de faire. Mais faut-il y voir là un signe de progrès des temps modernes? J’en suis loin d’être sûre.

Revenons à ces temps pas si lointains où l’accès au crédit n’était pas aussi facile. Il fallait bien choisir ses dépenses et économiser un certain temps avant de se payer des petits luxes dont on avait envie, que ce soit un voyage au bord de la mer, une automobile ou un bijou de grande valeur. Loin de moi l’idée de vouloir idéaliser une époque révolue, mais reconnaissons tout de même que nos ancêtres ne vivaient pas au dessus de leurs moyens, comme beaucoup d’entre nous le faisons aujourd’hui. Et honnêtement, je crois que sans crédit et sans possibilité de tout acheter ce qu’ils voulaient immédiatement, ils étaient plus heureux que nous. Pourquoi? Pour deux raisons. D’abord, parce qu’ils avaient le temps de laisser monter leur désir pour l’objet convoité, le temps d’en rêver avant de l’avoir, mais aussi le temps de s’assurer que c’était bien quelque chose qu’ils voulaient vraiment. Ensuite, une fois acquis, l’objet en question avait une plus grande valeur et était davantage apprécié, justement parce qu’il avait été désiré pendant quelque temps et que certains choix avaient dû être faits pour l’obtenir.

Aujourd’hui, nous achetons à crédit comme nous achetons ces friandises qui nous sautent aux yeux lorsque nous passons à la caisse pour payer nos achats. Nous répondons à nos désirs immédiatement, sous le coup de l’impulsion, mais souvent, nous n’apprécions même pas ce que nous achetons. Nous ne savourons pas vraiment ces sucreries, et peu de temps après la dernière bouchée, nous avons une nouvelle fringale, alimentaire ou autre, comme l’alcoolique qui ne pense qu’à sa prochaine boisson. Ce que nous appelons aujourd’hui la consommation serait-elle en fait une forme de dépendance? Certaines personnes le croient, et je reconnais en effet certains "symptômes" de la dépendance dans nos comportements d’achat. Sauf qu’à mon avis, là n’est pas la source du problème, et donc je ne prônerais pas non plus comme solution l’abstinence et des réunions à vie chez les Consommateurs Anonymes
.

Je poursuivrai là-dessus dans le prochain billet. En attendant, si vous êtes de ceux qui prient tous les jours le dieu Argent, je vous invite à vous joindre à
l'Église de la Très Sainte Consommation. Vous devriez y trouver un peu de répit pour votre âme tourmentée.

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