jeudi 16 septembre 2010

Et pourquoi pas des publicités qui décourageraient l’achat?

Encore une fois aujourd’hui, je tire mon inspiration de Leo Babauta. Voici son point de vue sur certains trucs que j’ai abordés ici récemment.

Beaucoup de nos problèmes de société ont pour origine la création artificielle de besoins et de désirs, notamment l’obésité, l’endettement, les crises financières, la surabondance matérielle, la surconsommation, les changements climatiques, etc. En effet, ces problèmes existent parce que nous ne sommes jamais satisfaits, que nous en voulons toujours plus et que nous maîtrisons mal nos désirs. En plus, ces désirs sont créés artificiellement non seulement par la publicité et les médias, mais aussi par des produits chimiques (par exemple, aux États-Unis du moins, il paraît qu’on rajoute exprès une petite poudre magique aux frites pour créer une sorte de dépendance).

Au fil des années, les publicitaires ont étudié à fond le désir humain et ses mécanismes, puis ont perfectionné l’art de nous faire désirer des choses. Ainsi donc, les enfants qui regardent des dessins animés à la télé mangeront plus de friandises s’il y a des publicités de nourriture au cours de l’émission, et ce, peu importe le type de nourriture annoncée, que s’il s’agit d’autres types de publicités. Et les gens qui voient le iPad ne pourront s’empêcher d’en acheter un parce qu’ils sont tellement cool! Qu’il s’agisse d’autos, de maisons, de vêtements, de gadgets, de nourriture, de voyages, peu importe, la publicité nous a entraînés à les désirer.

Alors, comment peut-on, comme individus mais aussi comme société, combattre ces désirs? Ce n’est bien sûr pas évident. Essayez d’entrer dans un magasin d’électronique ou de traverser la foire alimentaire d’un centre commercial, avec ses odeurs de pizzas ou de croissants fraîchement sortis du four, ou encore de regarder la télévision sans éprouver aucun désir. Bien sûr, certaines personnes peuvent se contrôler ou ont appris à associer ces choses à des idées négatives (par exemple, graisseux, engraissant, plastique, superficiel, etc.), mais la plupart d’entre nous ne sommes pas aussi disciplinés.

Voici la solution que propose Babauta: de la même façon que ces désirs sont créés artificiellement pour nous faire acheter, nous devrions faire les efforts nécessaires, comme individus et comme société, pour nous créer un sentiment de satisfaction. Et comment y parvenir? D’abord, en éliminant autant que possible de notre vie les sources les plus importantes de publicité, soit la télé, les magazines et les centres commerciaux, et en favorisant les sources d’information sans ou avec peu d’annonces, tels que la radio publique, les blogues sans pub, etc. Mais aussi en trouvant autre chose pour nous divertir que de fréquenter les boutiques, tant physiques que virtuelles. Et si nous voulons allez plus loin, nous pouvons enseigner à notre entourage comment ils peuvent, eux aussi, se sentir satisfaits.


Évidemment, pour créer ce sentiment de satisfaction, notre message devrait être aussi fort et cohérent qu’une publicité et dire qu'on n'a pas besoin d'acheter tel ou tel truc pour être heureux, ou quelque chose dans cette veine-là. En fait, il faudrait trouver une façon de rejoindre les gens qui sont sur le point de succomber à leurs désirs, que ce soit par le biais de la télévision ou d’Internet ou encore au centre commercial. Par exemple, il serait possible de concevoir une campagne pour les éduquer à propos des dangers de la création artificielle des besoins et leur enseigner à se sentir satisfaits de ce qu’ils ont déjà. Imaginez si on installait de gros panneaux publicitaires sur l’autoroute ou sur des édifices du centre-ville avec le simple message: "Ce que vous avez déjà vous suffit." Ou encore si on achetait de la publicité chez Amazon qui s’afficherait juste au moment où les gens s’apprêteraient à acheter quelque chose: "Vous n’avez pas besoin de ça, mon ami." Évidemment, Amazon n’accepterait jamais une telle publicité sur son site, mais vous voyez l’idée.

En voici d’autres. Imaginez si on imprimait sur toutes les cartes de crédit: "Vous ne voulez pas vous endetter." Ou s'il y avait un système sur le iPhone qui détecterait que vous êtes sur le point d’acheter quelque chose en ligne et qui vous enverrait le message: "Soyez satisfait de ce que vous avez déjà. Ne succombez pas à votre désir."

Et tant qu'à y être, pourquoi pas un service à l’auto chez McDonald’s qui afficherait sur le gros menu: "Ne soyez pas glouton. Mangez moins et laissez tomber les frites." Ou une pub qui dirait aux enfants qu’ils n’ont pas besoin des derniers jouets de Disney ou de la dernière console de jeux vidéo, et qu’ils pourraient aussi bien aller s’amuser dehors et mordre la vie à pleine dents.

Le sentiment de satisfaction nous vient naturellement lorsque nous ne nous laissons pas envahir par des messages créés de toutes pièces pour nous faire désirer et acheter. Mais revenir à cet état naturel n’est malheureusement pas si simple. Vous, de votre côté, que faites-vous pour cultiver ce sentiment dans votre vie?

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Encore un bel article inspirant.
Hélène(France)

Sophie | Esprit de Succès a dit…

Je trouve l'idée amusante mais je pense qu'il faut qu'il y ait de l'humour ou de la surprise ou quelque chose de ce style pour ne pas tomber dans les recommandations inscrites sur les paquets de cigarettes qui n'ont jamais vraiment atteint leur objectif...

Viviane Blais a dit…

Je suis d'accord avec toi, Sophie. Mais je ne suis pas sûre non plus que de dire aux gens quoi ne pas faire fonctionnerait réellement, même si c'est rigolo, cette idée de pub antipub. Après tout, quoi de plus jubilatoire que de braver les interdits, de faire ce qu'il faut pas juste pour voir ce qui va arriver...

Et n'est-ce pas là justement l'un des "intérêts" de commencer à fumer? Sauf que je crois qu'aucun type de message ne pourrait convaincre quelqu'un d'arrêter. C'est la volonté personnelle ou c'est rien du tout. Je ne sais combien de fois j'ai vu à l'hôpital des gens très malades, avec une toux terrible et branchés à des appareils, en train de se griller une clope dehors...

elodie a dit…

Et bien moi je ne suis pas d'accord car ce serait endoctriner les gens, dans l'autre sens certes, mais de l'endoctrination quand même avec tout ce que cela peut amener(bon, le mot est un peu fort, j'en convient mais c'est pour faire passer l'idée), bon après par contre pas d'idée miracle ! lol ! la sensibilisation ? par quel biais ?

Viviane Blais a dit…

Merci, Élodie (et Hélène également), de ton commentaire, qui porte à réflexion. D'une part, où trace-t-on la ligne entre informer, sensibiliser, enseigner et endoctriner (j'avoue que je préfère le verbe convaincre)? Et pourquoi tenter de convaincre est moins acceptable qu'informer? Le recepteur du message n'a-t-il pas, lui aussi, la responsabilité d'exercer son sens critique, et ce, dans la vie en général, pas seulement par rapport à la publicité?

elodie a dit…

Bien d'accord, mais heu ... le nombre de personnes utilisant son sens critique reste assez limité malheureusement ... question d'éducation, on nous apprend dès tout petit à être de parfaits moutons ...

Viviane Blais a dit…

Eh bien voilà, peut-on réellement blâmer les publicitaires et autres spécialistes de l'art de convaincre/endoctriner (les gourous et leaders religieux, par exemple) de profiter de cette faille dans notre éducation? Même si nous apprenons à être des moutons, nous n'en sommes pas et n'en serons jamais. À mon avis, il faudrait plus d'éducation populaire à ce niveau, dans la même veine que la sensibilisation qui se fait à propos des sectes et de leurs dangers.

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