jeudi 2 septembre 2010

Ne m'appelez plus consommatrice!

Nous jouons tous différents rôles dans la vie, avec leurs dynamiques particulières, en fonction des liens que nous tissons avec les autres. Par exemple, nous pouvons être à la fois parents, enfants, frères et sœurs, conjoints, collègues, patrons, subalternes, partenaires d’affaires, compagnons d’activité, amis, etc. Puis à notre cercle relationnel plus restreint peuvent s’ajouter également certains rôles secondaires, dont ceux de voisin, paroissien, locataire, etc.

Idéalement, nous choisissons les rôles que nous jouons plutôt que de nous les faire imposer, même si malheureusement, cela implique parfois de couper les ponts lorsqu’il n’y a aucune entente possible. Mais dans les faits, certains rôles semblent nous être attribués d’emblée, sans même que nous ayons eu notre mot à dire. Pensons par exemple à notre rôle de citoyen, qui nous est assigné automatiquement à l’âge adulte et qui vient avec un devoir dont on nous rappelle l’importance surtout en temps d’élections. Mais le rôle qu’on m’attribue d’emblée et qui me contrarie le plus, vous l’aurez deviné, c’est celui de consommatrice.

Ce rôle fait tellement partie de la mentalité occidentale aujourd’hui que même ceux d’entre nous qui font des efforts pour acheter le moins de choses possible sont portés à se considérer comme des consommateurs. Difficile de faire autrement puisque c’est ainsi qu’on nous désigne très souvent, les êtres humains, dans les médias. Par exemple, on nous dit que telle entreprise a fait telle chose pour satisfaire les consommateurs, que les consommateurs doivent voter avec leur portefeuille ou encore que la "confiance" des consommateurs s’est accrue ou a diminué, selon la situation économique du pays. Et comme pour notre rôle de citoyen, avec celui de consommateur vient également un "devoir": celui d’acheter, que ce soit pour faire rouler l’économie, notamment lors des fêtes de fin d’année, ou encore pour aider à la relance en cas de crise.

Bien sûr, nous pouvons nous considérer comme des consommateurs avertis, responsables ou éthiques et acheter en conséquence, mais lorsque nous décidons de nous percevoir d’abord comme des êtres humains, un nouveau rôle s’offre à nous: celui de non-consommateur. Et voici, par exemple, à quoi pourrait ressembler la description du "poste" ou plutôt le credo du non-consommateur:
  • J’achète ce dont j’ai les moyens.
  • J’ai les moyens d’acheter si je peux payer comptant.
  • Je favorise d’abord les divertissements gratuits.
  • Je favorise ensuite les divertissements économiques.
  • Si ça coûte cher, il y a de fortes chances que je n’en aie pas besoin.
  • Je répare ce que je peux.
  • Je confectionne ou je fais pousser ce que je peux.
  • Je m’accommode de ce que j’ai tant que c’est encore bon au lieu d’acheter du nouveau.
  • Je favorise les emprunts puis les dons et achats de biens usagés si ça convient à mes besoins.
  • Je conçois un plan pour pouvoir économiser davantage et j’exécute ce plan.
  • Je sais que plus j’achète, moins j’ai d’argent.
  • Je ne suis pas ce que j’achète.
Est-ce que j’ai oublié quelque chose?

Naturellement, ce rôle pose un défi majeur. Comment pouvons-nous bien le jouer, si nous le choisissons, lorsque nous et nos enfants sommes entourés de consommateurs invétérés qui prennent leur rôle au sérieux? J’y reviendrai bientôt. D’ici là, je vous propose de non-consommer le nouveau bidule que je viens d’ajouter à ce blogue, juste en haut à droite de ce billet: et j’ai nommé la citation du mois.

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