jeudi 17 juin 2010

Le paradoxe du choix

Pour continuer avec l’idée du "assez", j’imagine que certains d’entre vous ont déjà lu ou entendu parler du bouquin du psychologue américain Barry Schwartz Le paradoxe du choix: Comment la culture de l'abondance éloigne du bonheur. Pour ceux qui ne le connaissent pas, l’auteur y affirme en gros que même si la plupart des gens s’imaginent qu'avoir l'embarras du choix est une garantie de liberté individuelle, donc de satisfaction, dans les faits, il n’en est rien. En effet, il argumente que l’abondance de choix et d’options que nous avons aujourd’hui complique nos décisions de consommation et finit même parfois par nous paralyser.

Vous reconnaissez-vous là-dedans? Moi, très certainement. Même quand j’étais enfant, c’était l’enfer pour moi de devoir choisir entre quatre sortes de crème glacée (ou de glace, pour nos cousins européens), soit chocolat, vanille, fraise ou érable, donc aujourd’hui, avec les douzaines de saveurs disponibles à la crèmerie/glacerie du coin, j’en viens à commander la préférée de la préposée qui me sert cette journée-là!

Mais bon, plus sérieusement, c’est un fait qu’avoir plus de choix lorsque vient le temps d’acheter un bien ou un service signifie souvent que l’on doit faire plus de recherches et prendre plus de choses en considération pour déterminer ce qui nous convient le mieux, et ça va bien plus loin que la simple comparaison de prix. Nous devons peser le pour et le contre de chaque possibilité, déterminer si ça vaut la peine de payer plus pour avoir certaines options ou non, etc. et tout ça gruge évidemment notre temps précieux. Selon M. Schwartz, cette profusion de choix nous rendrait insatisfaits pour quatre raisons:

1. Le regret et l’anticipation du regret que l’on peut ressentir pour avoir fait le "mauvais" choix car finalement, peut-être qu’une autre option aurait été "meilleure", mais nous ne le saurons jamais puisque nous ne l’avons pas choisie.

2. Le coût de renonciation, qui nous amène, au moment de choisir, à prendre en compte non seulement les gains que nous allons faire en décidant pour une option, mais également les pertes que nous allons "subir" en n’en choisissant pas une autre. Peu importe ce que nous choisissons, nous sommes "perdants" puisqu’en acceptant une chose, nous renonçons à autre chose. Et plus nous avons de choix, plus nous avons de possibilités auxquelles nous devons renoncer. N’est-ce pas impensable pour ceux d’entre nous qui avons grandi avec l’idée que nous pouvions tout avoir dans la vie, qu’il n’y avait pas de limites?

3. Des attentes plus élevées. Nous avons tellement de choix que souvent, même si nous avons fait le "meilleur" choix, nous sommes déçus. Pourtant, avec tous les options offertes, nous devrions être encore plus satisfaits de notre choix final, non? Le problème, c’est que s’il y a 100 options, il devrait bien y en avoir une de PARFAITE! Donc même un bon choix n’est plus suffisant puisqu’il est rarement parfait, ce qui nous paraît inacceptable.

4. Le sentiment de culpabilité. Lorsque nos choix sont limités et qu’il y a un problème, nous pouvons blâmer quelqu’un d’autre puisque nous n’y pouvions rien, nous n’avions pas d’autre choix. Mais lorsque nos choix sont quasi-illimités et que nous sommes déçus, eh bien, c’est de notre faute puisque nous avons fait le "mauvais" choix.

Alors comment pouvons-nous nous simplifier la vie dans tout ça et être satisfaits de nos choix? Évidemment, supprimer les choix ne serait probablement pas la meilleure solution. Donc c’est là, encore une fois, que découvrir ce qui est "assez" pour nous et déterminer nos priorités peut nous venir en aide puisque nous réduisons volontairement nos options à un niveau plus gérable et rendons ainsi nos choix plus faciles à faire. Par exemple, avant d’acheter quelque chose, nous pouvons déterminer à l’avance les critères les plus importants pour nous, décider que c’est suffisant et ensuite aller faire notre achat en conséquence, sans nous attarder à toutes les options supplémentaires qui obligent à faire de nouveaux choix. Et vous, qu’en pensez-vous? Avez-vous des trucs pour faciliter la prise de décision et simplifier les achats?

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